Les sentinelles du futur de Carina Rozenfeld

Syros, Soon

2359, Elon, un garçon de 16 ans, vit sur la Terre enveloppée d'une brume grise et étouffante. Misère et famines sévissent sur la planète. 2659, Nuts, une fille du même âge, n'a plus de famille car la Terre a été attaquée par des extraterrestres. Elle se mure dans le silence. Trois cents ans les séparent. Et pourtant, Elon et Nuts seront réunis grâce au Couloir du Temps.

Nous sommes en 2359. La Terre n'est plus que ruine : climat étouffant, pluies acides,...Les habitants survivent. Reste l'Académie : là où est formée l'élite, des jeunes cadets. On y fait la connaissance d'Elon (avec le don de pouvoir lire dans l’avenir), Gérème (le spécialiste botaniste), Phoebe et Micko. Leurs généraux leur inculquent que l'Espoir est là. Que l'avenir de l'humanité existe.

En 2659. 300 ans plus tard. Les sentinelles du futur qui passent régulièrement dans le vortex reliant les deux mondes le savent. Leurs descendants ont réussi. Sauf que la guerre éclate dans ce monde devenu idyllique. Elle vient de nulle part...On y fait la connaissance de Nuts, jeune fille rescapée. Son destin et celui d'Elon vont se rejoindre à trois siècles d'intervalle...La Terre sera-t-elle finalement sauvée ?

Un scénario rondement mené : on croit avoir tout deviné et puis, non, de nouveaux éléments apparaissent. Très sensible à l'approche écologique (tout ça parait bien plausible à certains égards malheureusement...), et beaucoup aimé la psychologie de certains personnages.

Un bon roman de science fiction dès 12 ans : une fable écologique convaincante mais pas moralisatrice.

Estelle

Qui a tué Herman Henderson ? Rebecca Promitzer.-

Bayard jeunesse

A Elbow, il pleut tout l’été. Les « prisonniers de la pluie » sont un groupe d’enfants qui passent les vacances dans leur ville. Béa en fait partie. Avec Sam, son copain, elle découvre et photographie un cadavre. Mais le fantôme du mort pénètre l’appareil photo et la vie de Béa.

Les enfants ouvrent l’enquête qui mène à une réalité très noire.

Ce livre foisonne de bonnes idées : fantôme, peuple des détritus, énigme d’une bague, personnages mystérieux… mais manque de rythme, si bien qu’on attend toujours que l’action s’accélère… en vain.

On a presque l’impression d’être dans un club des « 6 », tant l’action est plan-plan.

C’est vraiment dommage car le style est beau et l’idée géniale.

A partir de 13 ans.

Isabelle et Carole

Ne t’en va pas de Paul Griffin

La Martinière jeunesse

Céce et Mack travaillent dans le même restaurant d'un quartier populaire. Mais c’est bien tout ce qu’ils ont en commun. Malgré une famille difficile, Céce est une lycéenne modèle promise à un brillant avenir. Mack, lui, est un "ado à problèmes" qui a du mal à contenir sa violence. Il a abandonné le lycée et sa passion est de recueillir des chiens maltraités pour les dresser. Pourtant, contre toute attente, Mack et Céce s’apprivoisent, puis tombent amoureux. Avec Céce, Mack se sent plus serein et apprend à gérer son agressivité. Auprès de Mack, Céce apprend à dépasser ses peurs et à avoir confiance en elle-même. Mais le jour où l'on s'en prend à l'un de ses chiens, Mack perd le contrôle et commet l'irréparable, ce qui le conduit tout droit en prison.

En prison Mack va tout faire pour que Cèce s’éloigne de lui et reconstruise sa vie. De son côté, Mack va avoir la chance d’être intégré dans un programme de dressage de chiens pour qu’ensuite ces chiens accompagnent les soldats blessés de guerre.

Devront-ils, pour autant, faire le deuil de leur amour ? Leur attachement l'un pour l'autre ne peut-il perdurer sous une forme nouvelle, qui resterait à inventer ?

L'histoire alterne les points de vue des deux protagonistes, Céce et Mack. Ce sont deux personnages authentiques et blessés par la vie. Menant des vies différentes mais écorchées, ils vont se rencontrer, s'aimer pendant 102 jours...Mais s'aimer quand on a une vie difficile, n'est jamais simple, l'amour peut-il être plus fort que tout ?

Lecture agréable, personnages principaux complexes mais attachants, originalité de l’alternance des points de vue.

Estelle

La Geste d’Alban : L’enfant monstre (T1) de Jean-Luc Marcastel

Editions du Matagot,

Les Maljours s’achèvent à peine, la lumière caresse timidement les terres d’Oc blessées par le cataclysme. Les hommes luttent contre les Malebestes en un combat sans merci. C’est en cet âge sombre que nait Alban, un enfant difforme, touché par le souffle maudit de la Brèche du Diable. Rejeté par les siens après la mort de son père, il va, toujours masqué pour dissimuler son visage aux autres hommes…

La plume de Jean-Luc Marcastel nous emporte dans ce récit aux accents des épopées des troubadours d’autrefois… En effet, l’auteur a vraiment une plume magnifique qui retranscrit l’oralité des contes de manière fluide.
L’univers du roman est une uchronie originale : une météorite est tombée en l’an 999 et a coupée la France en deux par une gigantesque brèche radioactive qui fait muter hommes et animaux…
Le récit prend donc des accents de fantasy avec ces créatures monstrueuses et les pouvoirs étranges offerts par les mutations.

Les thèmes de la différence, de la peur et de l’acceptation sont abordés avec finesse avec Alban et sans manichéisme excessif.
Alban est un héros attachant avec de nombreuses qualités, mais il a aussi ses défauts. Les personnages qui gravitent autour de lui sont bien croqués et plus complexes qu’il n’y paraît au premier abord…

L’intrigue est assez classique : on est clairement dans le roman initiatique : relations familiales, prémisses de l’amour, passage à l’âge adulte…
Mais tout se passe dans un univers exotique avec de multiples rebondissements et on se laisse totalement happé, impossible de lâcher le livre avant la fin !

Le livre est en lui-même un très bel objet : une jolie couverture, des dessins intérieurs à chaque chapitre, un cahier à la fin chroniquant les Maljours avec un point de vue très moyenâgeux…

Un superbe roman qui devrait plaire aux ados comme aux adultes dans un univers original et très bien écrit ! Coup de cœur !
5/5

Isabelle

Ferrailleurs des mers / Paolo Bacigalupi

Ed. Au Diable Vauvert

Dans un futur pas si éloigné, la crise climatique et énergétique a transformé le monde. De nouveaux riches dirigent le monde grâce à d’immenses corporations qui exploitent le reste de la population. Nailer est un ferrailleur : il est chargé du dangereux travail de récupérer tous les métaux et matières précieuses des cargos de l’ancien monde. Il rêve de trouver une cache de ressources assez importantes pour changer de vie. Une tempête pourrait bien exaucer son souhait…

Si les prémices de l’univers du roman ne sont pas follement originales, il y a certains éléments vraiment intéressants : chimères génétiques (fabriquées par un culte fanatique), nouvelle civilisation sur les ruines de l’ancienne, etc.

Souvent le genre post-apocalyptique s’intéresse à la catastrophe et ce qui suit immédiatement après : ici il y a déjà eu une reconstruction suivant de nouvelles règles, des inégalités encore plus criantes qu’avant, des classes sociales assez rigides, de nouvelles superstitions et religions…

Les personnages sont globalement assez réussis : Nailer est un héros classique mais assez attachant et ses amis ferrailleurs forment un entourage sympathique. Par contre le love interest manque de développement.

Par contre l’intrigue est assez classique et j’ai trouvé qu’on restait trop en surface de l’univers à cause du rythme rapide du roman.

3.5/5 : un bon roman ado avec un univers original, mais une fin un peu rapide et ouverte…

Isabelle