“Quand on était pas née dans les Flats (si votre famille n’était pas implantée depuis dix générations, si vos parents n’avaient pas les mêmes grands parents) vous étiez étranger…“ Park

Omaha, été 1986. C’est dans le bus scolaire transportant les adolescents du quartier reculé des Flats vers le lycée local que la nouvelle, Eleanor, doit faire sa rentrée. Le contexte n’est pas évident, toutes les places sont attitrées, et les seules de libre lui seront refusées. Seul Park lui fera la faveur de lui proposer d’occuper le siège vacant près de lui, mais à contrecœurs. Tendre la main à la rousse à l’allure débraillée - assumée qui, déjà, s’est faite remarquée du trio du fond du bus – sévissant dans le lycée – pourrait lui attirer des ennuis. Autant dire que les deux nouveaux voisins de banquettes ne s’apprécient guère, lui la trouvant bizarre et lui reprochant de cultiver son apparence atypique en toute conscience des représailles, elle le surnommant « l’Asiat débile ». Désormais contraint de partager ces trajets glacials, l’aller - retour des Flats vers le lycée, Park se rendant compte qu’Eleanor partage sa lecture quotidienne de Comics « discrètement » par dessus son épaule, commence par tourner les pages plus lentement, puis décide de l’attendre pour poursuivre la lecture de tomes entamés lors de précédents trajets, et fini par lui prêter des séries entières de BD ainsi que de lui enregistrer des cassettes des Smith. D’une passion commune pour les Comics et la musique nait une relation atypique entre les deux que tout opposent. L’une vivant dans le cadre de vie précaire d’une famille nombreuse et recomposée avec un beau père violent dans un appartement miteux et étant harcelée au lycée quand l’autre est l’un des rares du quartier dont les parents s’aiment toujours ostensiblement, vivant dans un environnement saint et confortable même s’il doute de lui et que son père lui reproche son manque de virilité.

Il faudra aux deux s’adapter à leurs différences culturelles et composer avec le regard des autres. Comment se faire accepter dans un patelin où les mentalités sont étriquées et les préjugés ont la vie dure.

La couverture reflète le sentiment que ressent le lecteur alors qu’il suit l’évolution de la relation naissante des deux protagonistes. Sur cette banquette, les échangent qui se font autour de la musique et des Comics (et plus) parviennent à rester privés et insoupçonnés de ceux qui ont vu sur le dos des silhouettes d’Eleanor et Park dans un lieu pourtant si public. La lecture est fluide et presque addictive. Au delà d’une simple histoire d’amour entre de deux ados, on se retrouve plonger à une étape de la vie complexe, régis par des codes. Où l’on fait le choix entre se conformer, embrasser ses différences et vaincre la peur du regard de l’autre.

Mariame